Solidarité internationale et complicité avec les anarchistes accusés et emprisonnés
On prolonge ici la proposition d’un 1er mai 2019 anarchiste à Berlin à un mois entier de solidarité. Que ce soit des événements d’information, des discussions ou des attaques directes, selon la tension et la conflictualité de chaque individu et de ses relations.
Les histoires de la misère quotidienne ont de nombreux visages : de ceux qui sont chassés de chez eux parce qu‘ils vivent dans une société capitaliste, où l‘habitation est une marchandise ; de ceux qui deviennent « illégaux » parce que certains papiers de merde sont invalides; de ceux qui s’ennuient à regarder leurs smartphones dans le métro sur le chemin du travail, à moitié morts en vivotant comme des précaires; ou de ceux qui sont derrière les murs des prisons car ils ne respectent aucune règle du jeu du capital ou de l‘État. La société actuelle est basée sur les frontières et les papiers, les contrôles, la surveillance et la prison, l’exploitation et l’aliénation quotidiennes, l’argent, la propriété et la domination. Avec cette misère quotidienne, tout le monde tente d’une manière ou d’une autre d’y faire face, que ce soit par l‘érosion sociale , en libérant de la dopamine devant l’ordinateur ou le smartphone, en se droguant, en consommant de l’alcool et en « faisant la fête », ou en se trouvant sporadiquement des bulles pour contenir un peu sa misère.
Une proposition anarchiste contre la misère quotidienne et une société qui construit une prison à ciel ouvert, c’est l’insurrection et le bouleversement social ! La proposition d’auto-organisation, d’attaque directe et de révolte individuelle et collective n’est pas une proposition qui fait référence à une réaction, mais une proposition qui passe à l’offensive et attaque les structures du pouvoir. Si le 1er mai à Berlin est réapproprié par les anti-autoritaires et les anarchistes, nous proposons d’étendre cette journée à un mois entier. Il s’agit d’une proposition pour retrouver sa dignité par l’attaque directe, la diffusion d’idées auto-déterminées ou l’accumulation d’attaques.
La propagande directe pour un monde sans exploitation et sans oppression est une prise de positionennemie de tous ceux qui profitent de la domination et la protègent. Ennemie de toute domination et de tout pouvoir, des flics en uniforme ou pseudo-policiers citoyens, du tribunal, de la banque et des patrons, des fascistes dans la rue et au bureau, contre toute politique et contre la gauche réformiste. Ennemie de la machinerie de la prison et l‘explusion, et ennemie du progrès technologique qui contribue à faire de cette société une prison sans murs.
L’idée et le désir d’une société basée sur la liberté des accords et l’autodétermination sans structures étatiques et hiérarchiques existent au-delà des frontières et des murs. C‘est précisément pour cette raison que l’on trouve des anarchistes sur le banc des accusés, en fuite ou en prison. Et souvent, l’État essaie de diffamer les anarchistes avec l‘appelation de terroristes, afin de les isoler socialement (et surtout essaie d‘isoler l’envie d’un monde loin de la logique capitaliste).
Voici une liste incomplète des cas actuels de répression en Europe:
– En Italie, l’État (avec un fasciste comme premier ministre) procède massivement à plusieurs opérations policières contre des anarchistes. À Florence, 3 anarchistes sont arrêtés par l’opération « Panico ».
– En février, 14 personnes sont arrêtées à Turin et à Trente et accusées d’association subversive, d’incitation au crime, de possession, de fabrication et de transport d’explosifs vers un lieu public.
– Pendant ce temps, en Italie, le verdict préliminaire dans le procès de l’opération « Scripta Manent » a été prononcé, l’accusation exige un total de 204 ans de prison (de 6 à 30 ans pour les différents accusés). Et certains des accusés qui n‘étaient pas en prison ont décidé de partir en cavale.
– Le 29 janvier, à Zurich, un compagnon anarchiste a été arrêté dans la rue et placé en détention. Il est accusé d‘incitation à commettre des crimes dans le cadre de la lutte contre les nouvelles prisons, et d‘incendie contre des voitures de l’armée suisse et une tour de radio de la police. Un autre compagnon est en fuite depuis deux ans à cause des incendies.
– A Bâle, 18 personnes ont été accusées (dont 15 condamnées) d’avoir participé à une manifestation sauvage en juin 2016 au cours de laquelle plusieurs attaques ont été perpétrées, notamment contre le siège du parti raciste de l’SVP/UDC, une banque de l’UBS, diverses assurances et le tribunal, lançant des pierres et des bouteilles contre les flics qui approchaient.
– Depuis avril 2016, l’anarchiste Lisa est en prison (d’abord en Allemagne et maintenant en Espagne), accusée d’avoir braqué une banque à Aix-la-Chapelle.
– L’anarchiste Thomas Meyer-Falk est en prison depuis 1996 (actuellement à Fribourg), condamné pour le braquage d‘une banque. L’État allemand continue de le maintenir en détention préventive „Sicherheitsverwahrung“.
– À Hambourg, le compagnon Loic est en détention préventive. Il est accusé d’avoir fait partie d‘une foule en colère, lors du G20, qui a traversé l’Elbchaussee et a attaqué divers biens des riches, le tribunal et l’infrastructure capitaliste.
– Le 29 avril, le procès de 12 anarchistes en Belgique s’ouvre, accusés de 14 crimes. Il s’agit d’attaques, notamment dans le cadre de la lutte contre la construction d‘un nouveau centre fermé et d’une nouvelle prison à Bruxelles.
– Un compagnon est en prison depuis un an en France, sans avoir eu de procès, accusé d‘avoir incendié 5 voitures de gendarme dans la gendarmerie de Limoges, en septembre 2017, en solidarité avec les personnes accusés d‘avoir incendié une voiture de police à Paris en 2016.
– Claudio Lavazza, anarchiste italien en prison en Espagne depuis 1996, accusé de plusieurs braquages dans plusieurs pays et de la mort de deux flics suite à un braquage en Espagne.
– La suite de l‘Opération Phénix en République Tchèque, opération qui commença en 2015 et lança une vague répressive contre des anarchistes suite à plusieurs attaques signées Réseau de Cellules Révolutionnaires. Plusieurs anarchistes sont allés en prison dans le cadre de cette affaire. De nouvelles personnes ont été accusées en 2016, et leur procès a lieu à la mi avril 2019.
La solidarité pratique pour tous les anarchistes accusés et condamnés, c’est de continuer à porter le rêve d’un monde libre de domination dans son cœur et de l’exprimer concrètement. Pour enflammer des coeurs….
« Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout. » (Extrait d’un tract sur le procès des anarchistes en Belgique)
La tête haute contre les griffes de l’État – que ce soit en fuite, contre la misère quotidienne, en prison, entourés de murs ou dans cette société carcérale !
Feu à toutes les prisons, avec ou sans murs !